
Ce que votre instinct vous dit peut-être déjà
En tant que parent, vous avez sans doute ressenti cette intuition inexplicable : quelque chose dans le comportement de votre enfant vous interpelle, mais vous n’arrivez pas à mettre le doigt dessus. Et si ces petites particularités que vous observez étaient en réalité des signaux d’alerte de troubles sensoriels ? Contrairement aux idées reçues, ces troubles ne concernent pas uniquement les enfants diagnostiqués autistes ou TDAH – ils peuvent toucher tous les enfants, souvent de façon subtile et facilement confondue avec de simples « phases » du développement.
Dans cet article, je partage avec vous, d’une part en tant que professionnelle, mais surtout en tant que maman d’un enfant à besoins sensoriels particuliers, ces signaux que j’aurais tellement aimé connaître plus tôt. Ces indices discrets que 78% des parents avouent avoir remarqués sans les identifier comme problématiques avant un diagnostic.
1. L’hypersensibilité aux étiquettes et aux coutures
Le signal que vous manquez peut-être
Votre enfant arrache systématiquement les étiquettes de ses vêtements ? Il refuse catégoriquement de porter certains tissus ou se plaint que ses chaussettes « font mal » ? Ce n’est probablement pas un caprice. La sensibilité tactile excessive est l’un des signes les plus courants et pourtant les plus négligés des troubles du traitement sensoriel.
Ce que vous pouvez faire : Optez pour des vêtements sans étiquettes, avec coutures plates, et explorez progressivement différentes textures à travers des jeux sensoriels adaptés qui permettront à votre enfant d’apprivoiser ces sensations inconfortables.
2. La réaction excessive aux bruits du quotidien
Quand l’ordinaire devient insupportable
Le bruit du sèche-cheveux déclenche-t-il des crises de panique chez votre enfant ? Se bouche-t-il les oreilles au supermarché ou pendant les fêtes familiales ? Cette hyperacousie n’est pas de la simple irritabilité. Pour ces enfants, certains sons ordinaires peuvent être perçus jusqu’à trois fois plus intensément que pour nous, créant une véritable détresse sensorielle.
Ce que vous pouvez faire : Introduisez un coussin à picots ou une peluche lestée qui procurera une sensation apaisante et contrebalancera la surcharge auditive. Le casque anti-bruit peut également devenir un allié précieux dans les environnements bruyants.
3. La maladresse persistante sans raison apparente
Cette maladresse qui n’est pas qu’une question de coordination
« Il est dans la lune », « elle ne fait pas attention » – ces phrases vous sont-elles familières ? Une maladresse chronique, des chutes fréquentes ou une difficulté à manipuler des objets du quotidien peuvent révéler un trouble proprioceptif. Votre enfant ne perçoit pas correctement la position de son corps dans l’espace, ce qui complique ses mouvements les plus simples.
Ce que vous pouvez faire : Les jeux de motricité comme les parcours d’équilibre et les activités impliquant des balles sensorielles renforceront progressivement sa conscience corporelle.
4. L’évitement ou la recherche obsessionnelle de certains aliments
Ce qui se cache derrière les « caprices alimentaires »
Les repas sont-ils devenus un champ de bataille ? Si votre enfant limite drastiquement sa nourriture à quelques aliments très spécifiques, ou au contraire, recherche constamment des saveurs très prononcées, cela peut indiquer un trouble de l’intégration sensorielle orale. Ce n’est pas de l’entêtement – c’est une réponse à des sensations buccales intenses que nous ne pouvons pas imaginer.
Ce que vous pouvez faire : Proposez des outils sensoriels oraux comme les tubes à mâcher ou les anneaux de dentition qui permettront d’habituer progressivement la sphère orale à différentes sensations.
5. La peur irrationnelle de certaines expériences motrices
Quand « faire comme les autres » devient une montagne
Votre enfant refuse-t-il catégoriquement les balançoires ? Évite-t-il de grimper ou montre-t-il une anxiété excessive face aux activités qui impliquent des mouvements inhabituels ? Cette peur peut signaler un trouble vestibulaire – le système qui gère notre équilibre et notre orientation dans l’espace fonctionne différemment chez ces enfants.
Ce que vous pouvez faire : Utilisez des pierres d’équilibre ou un tremplin d’entraînement sensoriel pour introduire progressivement et en douceur ces sensations, en respectant toujours le rythme de votre enfant.
6. Les mouvements répétitifs souvent mal interprétés
Ces « tics » qui ne sont pas des tics
Les balancements, tournoiements ou mouvements de mains répétitifs (flapping) sont souvent considérés comme de simples manies. Or, ces comportements sont généralement des tentatives d’autorégulation sensorielle. Votre enfant cherche instinctivement à rééquilibrer son système nerveux surchargé ou sous-stimulé.
Ce que vous pouvez faire : Au lieu de réprimer ces comportements, offrez des alternatives socialement acceptables comme des fidget toys ou des jouets sensoriels arc-en-ciel qui répondront au même besoin sensoriel de façon plus adaptée.
7. La difficulté à se concentrer dans certains environnements
Cette inattention qui n’est pas un déficit d’attention
Votre enfant peut-il se concentrer parfaitement à la maison mais pas à l’école ? Devient-il agité dans certains lieux spécifiques ? Cette inconstance peut révéler une hyper-réactivité sensorielle – son cerveau traite chaque stimulus environnemental avec la même intensité, sans pouvoir filtrer l’information non pertinente, créant une surcharge cognitive.
Ce que vous pouvez faire : Créez un espace de travail épuré et utilisez des outils de stimulation contrôlée qui permettront à votre enfant de réguler son niveau d’éveil attentionnel.
8. L’irritabilité excessive après certaines activités
Cette fatigue qui n’est pas ordinaire
Les sorties au centre commercial ou les fêtes d’anniversaire déclenchent-elles systématiquement des crises de colère ou un épuisement anormal chez votre enfant ? Cette réaction peut signaler une surcharge sensorielle – comme un ordinateur qui surchauffe, le cerveau de votre enfant n’arrive plus à traiter tous les stimuli auxquels il est exposé.
Ce que vous pouvez faire : Anticipez ces situations en proposant des pauses sensorielles avec une balle anti-stress ou un objet anti-stress que votre enfant pourra manipuler discrètement pour retrouver son calme.
9. La résistance inhabituelle aux activités d’hygiène quotidienne
Ces routines devenues champs de bataille
Le brossage des dents, le lavage des cheveux ou la coupe des ongles sont-ils systématiquement source de conflits ? Ces soins personnels, anodins pour la plupart d’entre nous, peuvent générer des sensations intolérables pour un enfant ayant des troubles sensoriels.
Ce que vous pouvez faire : Introduisez progressivement ces soins avec des jouets de bain apaisants et utilisez des accessoires adaptés (brosses à dents sensorielles, shampoings sans rinçage) pour réduire la charge sensorielle de ces moments.
10. La difficulté inexpliquée à s’endormir ou à rester endormi
Ce sommeil perturbé qui épuise toute la famille
Les troubles du sommeil persistants, malgré une bonne hygiène de sommeil, peuvent être liés à une hypersensibilité sensorielle. Certains enfants restent en état d’hypervigilance, leur système nerveux continuant à traiter intensément les moindres stimuli nocturnes (bruits légers, textures des draps, variations de température).
Ce que vous pouvez faire : Créez un environnement sensoriel apaisant avec une veilleuse LED à intensité réglable. Une peluche lestée peut également fournir l’input proprioceptif nécessaire pour favoriser l’endormissement.
Le mot de l’auteur : pourquoi agir maintenant est crucial
J’ai personnellement attendu trop longtemps avant de prendre au sérieux ces signaux chez mon enfant, considérant qu’il « grandirait en surmontant ces difficultés ». La recherche montre pourtant que plus l’intervention est précoce, plus les résultats sont positifs. Une étude récente indique que 67% des enfants montrant des signes précoces de troubles sensoriels et ayant bénéficié d’une intervention avant l’âge de 4 ans présentent des améliorations significatives dans leur développement global.
Ne laissez pas l’incertitude ou la peur du diagnostic vous empêcher d’explorer ces pistes. La compréhension des besoins sensoriels de votre enfant peut transformer radicalement son quotidien – et le vôtre.
Et vous, avez-vous remarqué certains de ces signes chez votre enfant ? Partagez votre expérience en commentaire, votre témoignage pourrait aider d’autres parents à identifier ces signaux d’alerte.
FAQ : Les questions que tous les parents se posent
À quel âge peut-on détecter les troubles sensoriels ? Les premiers signes peuvent apparaître dès la petite enfance, parfois avant 12 mois. Cependant, ils deviennent généralement plus évidents entre 2 et 4 ans, lorsque les exigences sociales et d’apprentissage augmentent.
Tous les enfants présentant ces signes ont-ils nécessairement un trouble ? Non, présenter un ou deux de ces comportements occasionnellement est normal. C’est la persistance, l’intensité et l’impact sur le quotidien qui doivent alerter.
Vers quel professionnel se tourner en cas de doute ? Un ergothérapeute spécialisé en intégration sensorielle est souvent le premier professionnel à consulter. Le pédiatre, le psychomotricien ou le neuropsychologue peuvent également orienter votre démarche.
Les troubles sensoriels sont-ils toujours associés à un autre diagnostic ? Pas nécessairement. Si les troubles sensoriels sont souvent présents dans l’autisme ou le TDAH, ils peuvent aussi exister de façon isolée chez des enfants au développement par ailleurs typique.
Comment faire la différence entre un caprice et une réaction sensorielle ? Un caprice diminue généralement lorsque l’enfant obtient ce qu’il veut, tandis qu’une réaction sensorielle persiste et s’accompagne souvent de manifestations physiologiques (sueur, rougeur, dilatation des pupilles).